Homélie de la fête de la Sainte Famille
Abbé Jean Compazieu | 21 décembre 2013
“Choisis par Dieu…”
Textes bibliques : Lire ou Ecouter
En ce premier dimanche après Noël, l’Eglise nous invite à fêter la Sainte Famille de Jésus, Marie et Joseph. Elle nous est présentée comme le modèle de toutes les familles. Cette fête a été instaurée vers les années 1920 ; à l’époque, on s’inquiétait déjà de l’évolution de la famille. Avec les années, la situation est devenue de plus en plus cruciale : des couples qui se séparent, des enfants livrés à eux-mêmes qui sombrent dans la délinquance, des familles qui vivent dans la misère. Et bien sûr, nous n’oublions pas les nombreuses victimes de la violence et de la haine des hommes.
Bien avant la venue de Jésus, Ben Sirac nous ramène à l’essentiel. Son discours peut paraître moralisant. Mais quand nous l’écoutons, c’est Dieu qui nous parle. Il veut que chaque famille soit heureuse. Et il lui montre le chemin qui lui permettra de parvenir à une véritable harmonie : “La réussite d’une authentique vie familiale ne s’obtient que par une lutte incessante contre l’égoïsme” (A. Brunot). Au nom même de leur foi, les enfants ont le devoir d’honorer leurs parents, même quand ils sont très diminués. Plus tard, les chrétiens comprendront qu’à travers eux, c’est Dieu qui est là.
Dans sa lettre aux Colossiens (2ème lecture), saint Paul nous appelle à “vivre ensemble dans le Christ”. Il nous expose les vertus qui favorisent une belle vie de famille, la tendresse, la bonté, l’humilité, la douceur, la patience, le pardon. Et “par-dessus tout, qu’il y ait l’amour”. Tout cela ne sera vraiment possible que si nous laissons le Christ habiter en nous. En ce temps de Noël, nous fêtons la naissance de Jésus : il veut naître aussi en nous pour transformer notre vie et la rendre de plus en plus conforme à son amour. Vivre Noël, c’est d’abord accueillir le Christ dans notre vie.
L’Evangile nous montre une famille unie et solidaire autour de l’enfant qu’il faut protéger à tout prix. En cette nuit de Bethléem, elle dort du repos des justes. Mais à Jérusalem, Hérode ne dort pas. Il cherche à faire périr l’enfant car il ne veut pas de rival. Face au danger, Marie et Joseph font ce que l’ange du Seigneur leur demande : ils partent le plus loin possible pour protéger l’enfant.
Ce qui est frappant, c’est que cette famille est toujours en chemin : avant la naissance de Jésus, Marie fait un long trajet pour se rendre chez sa cousine Elisabeth. Puis c’est le voyage de Nazareth vers Bethléem pour le recensement ; et aujourd’hui, l’évangile nous dit qu’ils doivent fuir en Egypte pour échapper à la colère d’Hérode. Tout au long de sa vie, Jésus passera de village en village pour annoncer la bonne nouvelle. Voilà la Sainte Famille : c’est dans sa capacité de se mettre en route qu’elle nous est présentée comme un modèle. Elle accepte de se laisser interpeller par les événements. Malgré les contrariétés et les épreuves, elle fait confiance à Dieu.
C’est très important pour nos familles de la terre. Elles aussi sont secouées et bousculées. Parents, grands-parents et enfants ne sont pas épargnés par les aléas de la vie. Chacun pense à tant d’événements qui lui font prendre des chemins inattendus. Comment ne pas penser à tous ces enfants dont la vie est menacée par les guerres, la famine ? D’autres sont victimes de la violence et de la maltraitance. Et bien sûr, nous n’oublions pas tous ceux et celles qui souffrent à cause de l’indifférence, du manque de soins, du manque d’amour et d’affection. A travers tous ceux et celle qui subissent ces douloureuses épreuves, c’est le Christ qui est là et qui attend notre amour. Le pape François ne cesse de nous rappeler qu’il est toujours du côté des plus petits et des plus pauvres.
C’est ainsi qu’en venant dans notre monde, Jésus a voulu faire partie d’une famille humaine. Il y a connu des joies, des souffrances et es épreuves comme dans toutes les familles de la terre. Mais plus tard, il nous dira qu’il fait partie de la grande famille de Dieu qui est Père, Fils et Saint Esprit. Et ce qui est encore plus extraordinaire, c’est qu’il est venu pour nous y faire entrer. Comme le disait le pape Jean-Paul II, “il a donné Dieu aux hommes et les hommes à Dieu”. Au jour de notre baptême, nous sommes devenus enfants de Dieu. Nous avons été immergés dans cet océan d’amour qui est en lui. Et nous avons été appelés à nous mettre en marche vers ce monde nouveau que Jésus appelle le Royaume de Dieu.
En ce dimanche, nous rendons grâce au Seigneur pour l’exemple que nous donne sa famille terrestre. Nous lui confions toutes nos familles de la terre, en particulier celles qui connaissent de douloureuses épreuves. Il est là, “au cœur de nos vies”, mais souvent, c’est nous qui sommes ailleurs. Nous t’en prions, Seigneur, que toute notre vie soit imprégnée de ta parole et de ton amour pour que nous puissions en témoigner auprès de tous ceux et celles que nous croiserons sur notre route. Amen.
Sources : Revues Feu Nouveau, Signes, Dimanche en Paroisse, Lectures bibliques des dimanches (A Vanhoye)
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